Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 337

sentit à accepter sa démission. J’imterprète la chose un peu différemment. Jeconclus que les représentants de la France à Rastadt ont déclaré à Gobenzel que le Directoire ne pouvait. pas considérer l'Empereur comme disposé à être en de bons termes avec eux tant que celui-ci garderait à son service Thugut, qu'ils considèrent comme vendu à l'Angleterre ; que, tant qu'il ne serait pas renvoyé, ils ne sauraient se conduire envers la Cour impériale comme ils le feraient autrement ; que Cobenzel ayant représenté cela à l'Empereur, celui-ci demanda à Thugut si en effet, comme on le disait, il était disposé à une guerre contre la France, et alors, Thugut déclarant qu'il l'était et donnant ses raisons, l'Empereur lui a signifié qu'à moins qu'il püt adopter une opinion différente, ilne pouvait le garder à son service. La conversation, telle qu’on la donne au publie, est, je le présume, arrangée pour sauver la dignité de l'Empereur (ce qu'elle ne fait point) et imaginée par Thugut, un gaillard très retors, dans le double butde garantir l'appui de l’Angleterreet sa pension, s'il en reçoit une ; en même temps il garde la chance d’une future mésintelligence avec la France maloré les concessions qui sont faites pour l’éviter !. »

Morris redoutait même l'influence du Directoire sur son propre pays ; il craignait qu'en invoquant leur amitié, les traités, les services rendus, il n’amenât les Etats-Unis à prendre parti pour la France. Le 4 mars 1796, il s’efforçait dans une lettre à Hamilton, d'exercer toute son influence sur celui-ci pour prévenir un pareil résultat. « Je n'ai pas besoin de vous dire que, si les gouvernants français persistent dans les mesures plus haut mentionnées, l’Amérique sera problablement obligée de prendre part à la guerre. Dans une précédente occasion, où ils le prenaient d’un peu haut, je leur ai dit qu'ils pourraient certainement nous entrainer dans le conflit, mais que certainement aussi cela serait contre eux, quelle que soit notre prédilection pour eux, parce que ce serait folie à nous de risquer notre commerce contre la marine du monde entier; que nous joindre à eux ne leur ferait

MD. IE, p' 367.