Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française
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aucun bien et nous ferait nécessairement beaucoup de mal. Cette fois-là, ils me crurent. Quelles remontrances a pu leur faire Monroe, je ne prétends pas le deviner et moins encore l'effet qu'elles ont produit. En supposant que vous soyez poussés à faire ce choix, vous mettrez naturellement dans la balance non seulement les forces navales, mais aussi les ressources financières des puissances ennemies. Les gens turbulents chez vous crieront bien haut sans aucun doute nos obligations envers la France et la longue liste de nos griefs envers l’Angleterre. Pour ce qui est des premières, je crois que nous devons toujours prêter nos bons offices à ceux qui, à l'appel de leur Prince, se sont élancés pour prendre part à nos batailles. Je n’admettrai jamais non plus qu’un froid raisonnement, fondé sur des motifs politiques, éteigne ces effusions de sentisment qui sont aussi louables dans une nation qu'elles sont désirables chez un particulier. Mais serait-il humain de soutenir le pouvoir qui tyrannise la France et réduit les habitants à une indicible misère ? Serait-il reconnaissant de se mêler, bien plus de se liguer avec ceux dont les mains sont pass rouges du sang de: celui qui fut notre véritable protecteur ?
Era -ce décent 1)» Bien qu'au point de vue du devoir moral le raisonnement fût plus spécieux que fort et destiné à faire illusion, cette fois encore Morris était clairvoyant et les faits ne tardèrent pas à lui donner raison. Un an après, au mois d'avril 1597 il constatait de ne mesures prises par la France à l’ésard des États-Unis : « La malle de France apporte our’ hui (23 avril) la noalle que le Dir ectoire à donné l’ordre aux différents fonctionnaires de n’avoir aucun égard aux passeports et cer Lificats délivrés par les ministres
ou consuls des États-Unis. Cela est assez curieux, mais, comme il n’est point du tout impossible que Bonaparte subisse un échec sérieux, ils deviendront moins arrogants *. » Le 5 mai suivant, il attribue en grande partie à son ancien ami Talleyrand la responsabilité de. cette politique : « M. Talon déjeune avec moi. Il me donne d'étranges nouvelles sur les affaires d'Amérique, en ce qui concerne les spéculations
1. T. IL, p. 160. — 2. T. IL, p. 290.