Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française, str. 82
LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE 79
je crains réellement qu'il ne soit puni. Il paraît en rire et compte sur l'appui qu'il trouve dans la nation. Il paraît d'heure en heure plus ivre de lui-même. 11 semble cependant que celte œuvre excite peu d'émotion et soulève plutôt l’indienation. Je lui dis que le désordre qui règne en France travaille contre tout plan de réforme ici ou ailleurs. Il déclare que les émeutes et les outrages en France ne sont rien du jout. Je lui réponds que, comme je suis sûr qu'il ne pense pas ce qu'il dit, je ne discuterai pas avec lui sur ce point !. »
Cependant Morris, même aux jours les plus sombres de notre Révolution, ne manque pas d’invoquer la fraternité des deux Républiques, lorsque les intérêts de son pays l’y engacent. C’est ainsi qu’en 1793 il demande au gouvernement français de faire, dans la législation contre les émigrés, une exception en faveur des Français qui passeraient aux ÉtatsUnis : « Je demandai une entrevue au ministre des Affaires étrangères et lui fis connaître mon désir qu’une exception füt faite dans le décret contre les émigrés en faveur de ceux qui étaient aux États-Unis. Je lui dis sincèrement que je désirais que l’alliance entre les deux pays füt strictement maintenue ?. » ;
Il ÿ a plus, lorsque l'identité des situations amène de part et d'autre des phénomènes identiques, et qu'il voit se reproduire au cours de la Révolution française des faits qu'il a connus déjà dans la Révolution américaine, en observateur sincère et exact, il ne manque pas de les noter. C'est ainsi qu'il reconnaît du premier coup la nature du Comité des recherches établi par l’Assemblée nationale. C'était un comité d'enquête en permanence, destiné à déjouer toutes les intrigues tramées contre l'Assemblée, à dénoncer tous ses ennemis: « Après le souper de Narbonne nous dit quil est autorisé par la Franche-Comté à accuser le Comité des Recherches. Ce comité est très semblable à ce qu'on appelait
poste. Cette seconde partie de l'ouvrage qui a fait, l'année dernière, un effet prodigieux en Angleterre comme en France, approfondit, explique et montre l'application des principes établis dans la première. »
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