Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française, str. 85
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2 . GOUVERNEUR MORRIS
moyens par lesquels pourrait être atteint leur but commun. 1l parle surtout de lui à propos d’un projet qu'avait révélé en octobre 1791 M. de Montmorin. Il s'agissait d'organiser, à côté du Conseil des Ministres, un Conseil privé, composé d'hommes tout dévoués au roi et dont Malouet aurait été un des membres. Ce plan ne plaisait pas à Morris; mais il Lui fournit l’occasion de rendre hommage au caractère de Malouet: « M. de Montmorin m'a répélé ce matin ce qu'il m'avait déjà confié une fois, à savoir qu'il considère comme absolument indispensable que la reine soit présente à la discussion des affaires du Cabinet et qu'à cet eflet il y ait un Conseil privé où Malouet serait admis. Je n’en vois pas l’utilité et je ne comprends pas ses motifs. S'il s’attend à gouverner ce petit conseil par le moyen de Malouet, il ne connait pas son homme, ou, du moins, je le crois?. »
À la même époque Morris raconte une discussion qu'il eut avec Malouet chez Mme de Staël. Il s'agissait d'une question très importante, et, des deux hommes d’État, ce n’est pas l'Américain qui paraît avoir été le plus clairvoyant: «Je trouve ce soir (25 octobre 1791) MM. de Malouet et de Moustier chez Mme de Staël. Le premier dit qu'il a donné à Montmorin le conseil de quitter son poste. Il dit que le garde des sceaux tient le roi en constante alarme ef le gouverne par ses craintes, de sorte que M. de Montmorin n’a plus que très peu d'influence. Il dit que je suis dans l'erreur de croire que celte Constitution tombera d'elle-même en morceaux : que les ressources tirées des assignats peuvent durér un Lemps considérable ; qu’en retardant les liquidations on peut ajourner le moment de la détresse : que les impôts ne sont pas trop
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1. TL, p.465 : « Il (Montmorin) me dit que son cœur est plein etqu'il a besoin de le décharger ; que, La Marck étant parti, il n'a plus que moi à qui il puisse se confier. Il dit qu'il a proposé deux choses : l'une d'avoir un Conseil formé de personnes dévouées aux intérêts roÿaux, qui appliquerait rigoureusement la Constitution, mais en vue de la détruire: et l'autre de laisser le Ministère comme il est, en changeant seulement son poste ef d'avoir un Conseil privé qui comprendrait lui-même M, de Moustier, Malouet et . l'abbé de Montesquiou, ou si celui-ci refusait par respect de Monsieur, son patron, l'archevêque d'Aix. » 3 Ep: ho.