Histoire chantée de la Première république 1789 à 1799 : chants patriotiques, révolutionnaires et populaires

146 Chansons patriotiques et populaires

Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager leur cercueil, Nous aurons le sublime orgueil De les venger ou de les suivre.

Aux armes! etc.

était repris par les chœurs; une dernière strophe avait été ajoutée pour lés enfants.

« Ce couplet était d'un prêtre, l'abbé Pessonneaux, qui l'avait composé à l’occasion de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1792.

11 fut chanté quelques mois après à une représentation extraordinaire de l'Opéra, à laquelle assistaient un grand nombre de membres de la Convention.

«Suivant l'usage, le public réclame la Marseillaise. Le dernier couplet vient d'être achevé lorsque paraissent les enfants, qui, de leur voix argentine attaquent la nouvelle strophe:

&Nous entrerons dans la carrière.» L'enthousiasme est à son comble; on applaudit avec transport; «l'auteur! l'auteur!» crie-t-on de toutes parts; un membre de la Convention se lève et jette le nom de l'abbé Pessonneaux à la foule qui l’acclame.

«L'année suivante, un pauvre prêtre était traîné devant le tribunal révolutionnaire siégeant à Lyon. «Qui es-tu? » lui demanda durement le président. A cette question, l'accusé répondit fièrement: €Je suis l'abbé Pessonneaux, l'auteur du €couplet des Enfants» de la A/arSeillaise.» «Une émotion parcourut la salle. Les juges inflexibles n’osèrent pas condamner le collaborateur de Rouget de l'Isle,

€Quarante ans plus tard, Rouget de l'Isle reçut du gouvernement de Juillet une pension de 1.200 francs ; mais le pauvre abbé Pessonneaux fut oublié; amèrement désillusionné au souvenir des élans patriotiques de sa jeunesse, il vécut dans l'indigence jusqu'à sa mort en 1835. »

Maintenant il nous faut ajouter que, depuis quelque temps, de nombreuses et longues discussions ont prouvé que, si Rouget de l'Isle a bien écrit les paroles de la Aarsez/laise, il n’en a nullement écrit la musique ; il aurait pris le thème à un oratorio d'un nommé Grison, maître de chapelle, à Caen, et composé en 1782.

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