Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

100 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

ecclésiastique. Fouché, à Lyon et à Moulins ; Carré à Nantes ; Tallien à Bordeaux ordonnèrent la démolition des clochers, comme étant des « symboles d’inégalité » et la destruction des livres de messe en tant que « véhicules de superstition. » Ils se défendaient pourtant d’en vouloir à la religion même, qu'ils opprimaient.

Mais le paroxysme de l'intolérance fut atteint par À. Clootz, Hébert et Chaumette, les chefs de la commune de Paris. Ambitieux de surpasser Robespierre et les Jacobins, plutôt que soutenus par une idée philosophique, ils s’efforcèrent d’exterminer tout culte religieux, en ruinant l'église constitutionnelle et les églises protestantes. La commune de Paris, suivant l'exemple donné par Fouché, commissaire de la République à Nevers, prit un arrêté contre l'exercice extérieur du culte et à l'égard des cérémonies funèbres (14 octobre) et le 26 novembre (3 frimaire), un second qui déclarait toutes les églises de Paris désaffectées du culte, et rendait les prêtres responsables des troubles causés par les opinions religieuses. Le « culte de la Raison » fut substitué au culte catholique à Notre-Dame (ro nov.) et l’on détermina par des menaces ou des promesses l’abjuration d’un certain nombre de prêtres constitutionnels et de quelques ministres protestants'. La Convention eut d’abord la faiblesse de céder à ce mouvement qui avait pour but de « déchristianiser la France ». Après avoir reconnu en principe : le droit qu'ont tous les citoyens d'adopter le culte qui leur convient et de supprimer les cérémonies qui leur déplaisent, elle vota (le 6 nov.), sur la proposition de Thuriot, un décret qui autorisait les administrations de département à prononcer, sur un simple avis de celle de district, la suppression, réunion et circonscription des paroïsses. Ce décret lichait la bride au fanatisme des Jacobins de clocher. Le 22 novembre 1793, l’Assemblée rendit un décret accordant aux prêtres qui abdique—

1. On peut citer parmi les premiers Gobel, évêque constitutionnel de Paris et ses vicaires: Lindet, évêque de l'Eure; et parmi les seconds : -Julien, ci-devant pasteur à Toulouse,