Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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pontificaux que les catholiques s’alarmèrent et les évêques élevèrent leurs protestations. La question romaine eut même pour premier effet de faire taire toutes les dissensions au sein du parti catholique; l'Univers et le Correspondant, Louis Veuillot et Montalembert se trouvèrent d'accord pour défendre ce qu'on appelait « l'indépendance du Saint-Père » menacée. L'évèque d'Orléans, M# Dupanloup, se fit le premier l'organe de ces protestations.
Cet exemple fut suivi par presque tous ses collègues ; leur indignation ne connut plus de bornes après l'apparition de la brochure Le pape et le congrès, signée du vicomte A. de la Guéronnière, mais attribuée à l’empereur. L'auteur conseillait au Pape de renoncer à la possession de la Romagne et de se contenter du patrimoine de saint Pierre et d’une rente que lui feraient les puissances catholiques (1861). L'année suivante, la brochure La France, Rome et l'Italie, émanant du même auteur, les livres d'Edmond About, un confident du prince Jérôme Napoléon, sur la Question romaine et Rome contemporaine, les attaques du Siècle et de l'Opinion nationale, cette dernière feuille récemment fondée, attisèrent encore le feu de la querelle. Les évêques de Metz, de Moulins, de Nimes, d'Orléans se distinguèrent par l'énergie de leurs répliques ; mais ce fut M# Pie, évêque de Poitiers, qui l’emporta par son allusion, à peine voilée, à l'empereur : « Lave « tes mains, Ô Pilate, disait-il dans son mandement de février « 1861, la postérité repousse ta justification. Un homme « figure cloué au pilori du symbole catholique, marqué du « stigmate déicide. Ce n’est ni Hérode, ni Caïphe, ni Judas, « c’est Ponce-Pilate. »
Pie IX, de son côté, sortit de sa réserve habituelle. Dans son encyclique du 19 janvier 1860, il stigmatisa les adversaires de son pouvoir temporel au même litre que des schismatiques et dans son allocution aux cardinaux (18 mars 1861) il déclara que « jamais le Saint-Siège ne pactiserait avec le « royaume d'Italie et ne se réconcilierait avec la civilisation « moderne, parce qu'il ne pouvait accepter ni la liberté des