Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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pas gouverné l’Église, avec une puissance et un éclat sans pareil ? N’y avait-il pas, enfin, une contradiction entre les réclamations des évêques, invoquant la liberté de conscience des catholiques et celle du Pape, protestant contre la liberté des cultes, admise par la France et l'Italie ?
En présence de l’opposition des évêques, que fit le gouvernement impérial ? Il déféra au conseil d’État, comme d'abus, les mandements les plus violents, rappela aux évêques que dans l'exercice de leur ministère il leur était interdit de discuter les affaires publiques et supprima l'Univers (24 janvier 1860).
En résumé, il nous semble que les évêques outrepassèrent leurs droits, en intervenant dans une affaire de politique étrangère, qui ne touchait pas directement à la conscience des catholiques français et même, dans leur polémique, plusieurs manquèrent au devoir de la charité apostolique‘. M#' Dupont des Loges, au contraire, garda, dans ses protestations, plus de mesure et de courtoisie.
Vers la même époque, M£' Desprez, archevêque de Toulouse, commit un autre anachronisme. Dans un mandement, après avoir constaté que la « Révolution française avait substitué « des tendances nouvelles aux pensées de foi qui inspiraient les « pères et leur donnaient une aussi catholique impulsion, » il exhorta ses ouailles à « renouer la chaîne du passé » et, pour ce fait, les invita à célébrer par une procession solennelle le jubilé d’un fait accompli parmi eux, il ÿ avait 300 ans (17 mai 1562). Or il s'agissait d’un millier de hugenots, réfugiés au capitole de Toulouse où ils s'étaient fortifiés et qui, après s'être rendus, furent égorgés, au mépris de la capitulation?. On juge de l'émotion que produisit un tel projet dans une ville qui ne complait pas moins de 5 à Goo Réformés. Le ministre
1. V. le procès intenté par le Siècle et les parents de Mer Rousseau, ancien évêque d'Orléans, devant la 1°e chambre de la Cour de Paris (mars 1860) à Mer Dupanloup, qui avait traité les écrivains du journal de « gens sans honneur », parce qu'ils avaient rappelé que M£' Rousseau ne croyait pas que le pouvoir temporel fût indispensable au Saint-Père.
2. V. dom Vaissetite, Histoire du Languedoc.