Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
DE 1860 A 1870 241
vénéré pasteur Martin-Paschoud, mais cette fois il avait contre lui la loi organique des Églises protestantes, d’après laquelle les pasteurs sont inamovibles. Le ministre des cultes refusa de ratifier la décision du consistoire", Un peu plus tard le consistoire de Caen, ayant voulu imposer des conditions dogmaliques comme condition pour être électeur, vit également casser sa décision (avril 1867).
Ainsi, chose étrange, dans ces trois conflits, c'est le pouvoir civil, appuyé, il est vrai, par un fort courant d’opinion, qui fit respecter contre des corps ecclésiastiques le principe de la liberté de conscience.
Vers la même époque, il y eut dans l'Église évangélique de la confession d’Augsbourg une tentative faite contre la liberté de conscience. Le parti orthodoxe de cette confession représenté surtout par les pasteurs de Paris dénoncèrent M. Timothée Colani, pasteur de l'Église française de Saint-Nicolas, à Strasbourg, comme un rationaliste et un incrédule, qui battait en brèche les doctrines fondamentales des Écritures et s’eflorcèrent d'empêcher sa nomination comme professeur d'éloquence sacrée à la Faculté de théologie (1862-64). M. Colani n'eut pas de peine à réfuter ces accusations en se plaçant sur le terrain de la tradition historique de l'Église luthérienne et le Directoire de cette Église confirma sa nomination, en maintenant le principe, qui avait été maintes fois aflirmé dans ses circulaires et dont voici une belle expression : « Nos pères ont combattu avec un courage indomptable pour « la vérité et pour la liberté de conscience. Ils étaient bien « éloignés en faisant une déclaration publique de leur « foi, de vouloir renoncer, pour eux et pour le temps à « venir, au droit de continuer la recherche des vérités reli« gieuses..…..
« Ne s’attribuant point d'infaillibilité, notre Église ne « contredirait-elle pas ses premiers principes, si elle inter« disait à ses membres l'indépendance de leurs jugements ?
1. Lien du 17 mars 1864.
Boxer-Maury, 16