Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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« bles ». — Il y avait dans cet acte une violation évidente du principe de la liberté de conscience, car les chaires du Collège de France n’ont pas un caractère confessionnel; un Israélite ou un libre penseur pourrait les occuper et, précisément dans la phrase incriminée, il ÿ avait une marque de respect pour l'opinion contraire à celle du maître. Deux ans après, la Vie de Jésus (1864) du même auteur soulevait les réfutations et les protestations de dix-huit évêques — sans compter celle du consistoire orthodoxe de l'Église réformée de Paris — et un blâme indirect de Napoléon HI”.
Heureusement ces velléités de réaction cléricale ne tinrent pas contre le courant de libéralisme, qui entrainait alors la jeune génération et, avec elle, les classes moyennes. Trois autres professeurs au collège de France défendirent le principe de la liberté de conscience, sans être troublés dans l'expression de leurs convictions : Ed. Laboulaye dans ses leçons si élégantes et spirituelles sur la Constitution américaine (1862-1864) ; Alfred Maury, dans son cours sur la Civilisation en Angleterre, où, à propos des lois anti-papistes de la reine Elisabeth, il flétrit l'intolérance des Anglicans, qui « voulaient bien respecter la liberté de conscience des catholiques, mais à condition qu'ils reniassent lautorité du pape » (1865-66); et enfin, Adolphe Franck, dans son cours sur les Publicistes du xvin* siècle (1863-64 ct 1865-66).
Nous relevons dans ce dernier un passage remarquable : « Nous devons à ce siècle (le xvi°) la liberté de conscience, « sans laquelle non seulement l'esprit, mais l’âme elle-même « se trouve avilie et asservie, sans laquelle la Religion, celte « fille du ciel, envoyée pour nous enseigner l'amour et l'espé« rance, est obligée de marcher appuyée sur la force et « accompagnée d’une escorte de supplices ! »
Ce n’était pas seulement au Collège de France, mais au Sénat? et dans les journaux et les Facultés des lettres que
1. Lettre à Mar Parisis, évèque de Langres (14 novembre 1863). 2. Au Sénat, le prince Jérôme Napoléon prit en mainte occasion la