Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 281

L'âme de Louis XVI, son abnégation, sa conscience sont toutes dans cette impulsion : « Je me « rappelle, » dit-il, « d’avoir laissé dans un péril « certain le valet de chambre qui m'a revêtu de « ce déguisement; demain ils le traîneront en « prison; je veux au moins pourvoir à sa sûreté, « autant qu'il est en moi; je veux certifier par « écrit qu'il a obéi à mes ordres, en m'aidant à « me déguiser, »

Leroirentre, déchire un feuillet de sestablettes de voyage, et le fidèle serviteur recoit à genoux le témoignage du roi dont il déplore le danger.

Ce fut un moment solennel que celui où le groupe auguste posa un pied furtif sur l'escalier, premier échelon de salut. Le pas de Marie-Antoinette était le plus assuré, mais son cœur battait avec violence. Louis XVI était ému, non de crainte, mais d'une douloureuse étreinte; madame Elisabeth marchait la dernière; elle s'agenouiila, et se releva forte et résignée. Les enfans de France demandaient à voix basse : « Revien« drons-nous? »

Cependant la surveillance de Lafayette était active; il ne s’en rapportait qu’à lui, et venait chaque nuit, enveloppé d’un manteau, faire sa ronde.

Le roi était déjà sous le guichet du Carrousel ; la reine et madame Élisabeth le suivaient de loin; tout-à-coup elles voient l’homme au manteau;

elles reconnaissent Lafayette, et se glissent derF 24