Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

282 HISTOIRE

rière lui; il s'arrête, puis revient sur ses pas. La reine et madame Élisabeth étaient assez bien déguisées pour échapper à toute investigation, la nuit favorisa leur trajet.

La famille royale se trouva enfin réunie; le plus grand danger était passé, l'évasion du château des Tuileries s'était opérée; bientôt les fugitifs furent hors des barrières.

Le triste cortége arriva à Bondy; à, on changea les voitures de ville pour deux berlines de voyage. Deux gardes-du-corps montèrent sur le siége, et un autre derrière la voiture du roi.

Là encore, une prévision manqua : aucune estafette ne fut envoyée à M. de Bouillé pour s’assurer d’une escorte forte et sûre ; le détachementqui devait venir au devant du roi resta inactif. Ne voyant arriver aucun ordre, M. de Bouillé crut le départ différé, et, pour ne pas donner l'éveil, les troupes, loin de se porter en avant, se replièrent.

Un incident arrêta la marche des fugitifs : le ressort d’une des voitures se cassa près de Montmirail; cela entraîna un retard de deux heures.

On touchait aux portes de Châlons : cette ville avait manifesté des sentimens hostiles ; la révolution y avait été accueillie avec enthousiasme, et les clubs y étaient en permanence ; néanmoins, le roi la traversa sans obstacles. Le maître de poste seul le reconnut , et ne dit rien. Tout faisait présager la réussite; la famille royale espéra.

L'intention de Louis XVI n’était point d'aban-