Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

308 HISTOIRE

déguenillée descendait de tous les faubourgs et venait successivement s’agglomérer au café Gibé, sur la place de la Bastilie. Là, Panis et Sergent, officiers municipaux, organisèrent le désordre, distribuèrent les mots de passe et lancèrent la cohorte des massacres : Sillery qui, du Raincy, avait porté son domicile au faubourg Saint-Antoine, paya le denier de la marche.

Bientôt des milliers de têtes se hissèrent parmi les piques, les faux, les fourches et les besaiguës. Trois colonnes sillonnèrent les boulevarts et la rue Saint-Honoré : la première était menée par Santerre; Saint-Hurugue dirigeait la seconde; une amazone des clubs, la tricoteuse Théroigne de Méricourt, brandissait son coutelas en tête de la troisième.

Une halte était marquée à l'Assemblée législative, pour déposer sur le bureau du président la première pétition qui demandait « du pain!» cette pétition était le prétexte de toutes les autres réclamations armées.

Peu après, la garde est forcée, la salle est envahie. Huguenin, orateur des clubs, lit un mémoire dont chaque phrase est un appel de mort contre la famille royale. L'assemblée reste muette; la horde applaudit et défile en rugissant.

À mesure que la trombe avançait, tout ce qui conservait un lambeau du drapeau de l'ordre se resserrait autour des Tuileries.

L'Assemblée législative avait été violée; après