Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 309

avoir laissé profaner le sanctuaire des lois, l’assemblée regarda impassiblement envahir la demeure royale. L'émeute se constituait nation, et la nation terrifiée n'avait plus d’interprètes pour protester contre l'anarchie.

On voyait que le désordre avait des guides : des divisions se reformèrent après avoir parcouru la salle de la représentation ‘nationale ; puis les trois bandes marchèrent au pas de charge vers le palais des Tuileries. Au milieu de ces phalanges meurtrières s'élevait une longue pique, elle portait les lambeaux sanglans d’un cœur de bœuf, percé de coups de poignard. Cet insigne avait pour exergue : « Cœur des aristocrates. » Les cris de cette horde furieuse furent le râle de mort de la royauté.

Aux premiers coups du tocsin, cent cinquante gentilshommes setrouvèrent réunis autour du roi ; ils étaient tous en frac noir, afin de ne présenter aucune apparence hostile. L'énergie de leur dévouement était toute au cœur.

Le maréchal de Mouchy, MM. de Bonnay et de Beauveau étaient là pour protester contre la révolte, au nom de la fraction fidèle de l'armée ; Acloque et Mandat représentaient le parti dévoué de la garde nationale. Trois répimens de ligne et deux compagnies de gendarmes stationnaient dans la cour et dans le jardin des Tuileries, ils gardaient les issues du château, concurremment avec la garde nationale, Les Suisses avaient été

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