Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

522 HISTOIRE

« marchons à leur tête ; attaquons les Tuileries; « tuons le roi, la reine; tucns tout! »

Quelques voix tremblantes, et entre autres celle de Robespierre, parlèrent de fuir; une autre voix, rauque et sauvage, s’éleva : c'était celle de Danton; il s'écria : « Le vin est tiré, il le « faut boire ; j'étrangle le premier qui décampe. »

— « Mais, Mandat, le commandant de la « garde nationale ?

— « Nous le tuons! » Et tous répétèrent : « Marchons; tuons-les, tuons tout! »

Ainsi fut préparée la journée du dix août; on n’attendait plus que le tocsin pour frapper.

Dès le 20 juin , Louis XVI avait vu l’abîme sans voile : sa tardive prévision se manifesta dans sa réponse à l’hésitation de M. de Saint-Croix à accepter un portefeuille : « Vous faites trop d'ob« jections pour devenir le ministre d’un roi de « quinze jours. » Cette proclamation d’un avenir visible fut suivie de près par une déchéance réelle. Depuis cette journée, il n’y avait plus de sommeil pour Louis XVI : il se jetait tout habillé sur un lit de repos, prêt à présenter à toute heure sa poitrine aux piques de l'insurrection.

La journée du 10 août sonna le dernier glas de la monarchie; la cloche de l’émeute avait tinté toute la nuit, elle avait uni son appel avec la voix de Danton qui hurlait le meurtre au club des Cordeliers. « [l faut en finir! le peuple ne doit « plus recourir qu'a lui-même! Aux armes!