Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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« on ne me paie pas pour faire de bonnes ac« UIOnS. »

A l'Abbaye, une scène attendrissante se déployait. Le dévouement de mademoiselle Cazotte, âgée de dix-sept ans, arrêta les massues qui allaient frapper. Ses jeunes bras s’étendirent sur les cheveux blancs de son père : « Faites-moi « mourir avant lui, » s’écria-t-elle. — « Eh bien! « nous ne te procurerons pas ce plaisir! Emmènea le! »

Mais le peuple n’était pas rassasié; le canon d'alarme du Pont-Neuf fit encore entendre trois coups;.… puis le tocsin sonna et le tambour battit la générale dans toutes les sections. Les septembriseurs reprirent leurs glaives : c'était la fanfare du carnage; c'était le pêle-mêle de la révolution. Aucune voix, aucun ordre ne cria grâce!.. on payait les ouvriers du massacre. Les membres du comité de salut public étaient en joie; on allait tuer. Bicêtre, la Salpêtrière, Saint-Firmin, Saint- Victor, Saint-Sulpice furent traqués par des piques, des massues , des sabres et des poignards. Les hommes de septembre entrent, fouillent et égorgent.

A l'Abbaye, douze commissaires étaient censés juger les patiens : placés au guichet de la prison, ils donnaient le signal du supplice. « Passez, pour « vous rendre à la Conciergerie ; » c'était l'arrêt de mort; et à la Conciergerie, on disait : « Passez,