Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 349

Tout-à-coup le mort se dresse sur ses pieds et tombe aux genoux de son sauveur. Tandis que cette scène se passait, une fosse était creusée en secret dans le jardin de la libératrice. Elle entend le roulement, qu’elle croyait celui d’un char funèbre; elle s’élance , et, sur la terre remuée pour honorer la mort, une action de grâces est élevée à Dieu.

« Lorsque j'ai vu qu'on massacrait mes compa# guons, » s'écria le patient revenu à la vie, « il « m'est venu dans l’idée de me précipiter parmi « les cadavres et d’y rester confondu. Cette in« Spiration m'a réussi; on m'a cru mort , et J'al« lais être jeté dans l'hécatombe d’où vous m'avez « retiré. Le sang dont vous me voyez couvert est « celui des victimes que j'étais destiné à suivre au a tombeau. »

M. de Lessart, ex-ministre, eut aussi son anxiété de souffrance. Il vit accourir sur lui ; dans la geêle du Plessis, un homme, les bras nus : le meurtrier à gage lui porte sur la cuisse un coup de sabre; le sang jaillit, et le septembriseur s'écrie : « Je le connais, celui-là, et je réclame « l'honneur de l'expédier. Courez aux autres ; jen « fais mon affaire. » En même temps, il le bourrait de coups, mais en gagnant toujours le guichet de la prison. C'était le domestique de M. de Lessart qui avait fait la part du mal pour acheter la vie de son maître. Le peuple n'était pas assouvi; le républicain Prud'homme s'écriait : e I reste