Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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«tre sacrifice est d'autant plus généreux, que “ VOUS eXposez votre vie, et Que VOUS ne sauverez « pas la mienne. » — Je lui représentai « qu'il ne pouvait pas y avoir de danger pour moi, et qu'il était trop facile de le défendre victorieusement, pour qu'il y en eût pour lui. » — Il reprit : « J'en « suis sûr, ils me feront périr, ils en ont le pou« voir et la volonté. N'importe, occupons-nous « de mon procès, comme si je devais le ga« gner; et je le gagnerai en effet, puisque la mé« moire que je laisserai sera sans tache. Mais « quand viendront les deux avocats ? »—« Ilavyait vu Tronchet à l'Assemblée constituante ; il ne connaissait pas Desèze. Il me fit plusieurs questions sur son compte et fut très satisfait des éclaircissemens que je lui donnai. Chaque jour, il travaillait avec nous à l'analyse des pièces , à l’exposition des moyens, à la réfutation des griefs , avec une présence d'esprit et une sérénité que ses défenseurs admiraient, ainsi que moi : ils en profitaient pour prendre des notes et éclairer leur ouvrage Ses conseils et moi, nous nous crûmes fondés à espérer sa déportation; nous lui fimes part de cette idée, nous l’appuyâmes : elle sembla adoucir ses peines ; il s’en occupa pendant plusieurs jours, mais la lecture des papiers publics la lui enleva , et il nous prouva qu'il fallait y renoncer, Quand Desèze eut fini son plaidoyer, il nous le lut : je n’ai rien entendu de plus pathétique que sa péroraison. Nous fûmes touchés jus-