Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE, 355

qu'aux larmes. Le roi lui dit: « 1 faut la suppri“ mer, je ne veux pas les attendrir. » — « Une fois ue nous étions seuls, ce prince me dit: #» J'ai « une grande peine! Desèze et Tronchet ne me « doivent rien : ils me donnent leur temps, leur « travail, peut-être leur vie : comment reconnaîi« tre un tel service? Je n'ai plus rien , et quand je « leur ferais un legs, on ne l'acquitterait pas. « Sire, leur conscience et la postérité se chargent « de leur récompense. Vous pouvez déjà leur en « accorder une qui les comblera. — Laquelle? « Embrassez-les! » Le lendemain, il les pressa contre son cœur, et tous deux fondirent en larmes, »

Le moment solennel arriva où le descendant de tout une race, où le petit-fils de Louis XIV parut pour la dernière fois devant ses sujets érigés en juges.

La sécurité de Louis XVI, l'émotion de ses défenseurs, le deuil de Paris, la stupeur de la France, faisaient contraste avec l’impassibilité des conventionnels. On voyait que l’arrêt était dicté ; on le lisait sur les fronts qui allaient se tacher. L'un des défenseurs, M. Desèze, adjurant les consciences, s'écria : « C’est vainement que je cher« che parmi vous des juges, je n’y vois que des “ accusateurs. » Puis grandissant avec son sujet, il jeta à la postérité cette péroraison : « Je sais “ Qu'on a dit que Louis avait provoqué lui-même « le mouvement du peuple; mais qui est-ce qui