Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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barre , il me dit : « Vous êtes certainement bien « convaincu actuellement que, dès le premier ins« tant, je ne m'étais pas trompé, et que ma con« damnation avait été prononcée, avant que j'eusse « été entendu, » —« Lorsque je revins de l’assemblée, où nous avions demandé l'appel au peuple, et où nous avions parlé tous les trois, je lui rappôrtai qu'en sortant, j'avais été entouré d’un grand nombre de personnes, que toutes m'avaient assuré qu'il ne périrait pas, ou au moins que ce ne serait qu'après eux et leurs amis. Il changea de couleur et me dit: « Les connaissez-vous ? retour« nez à l'assemblée, tâchez de les rejoindre, d'en « découvrir quelques uns; déclarez-leur que je « ne leur pardonnerais pas s’il y avait une seule « goutte de sang versé pour moi: je n'ai pas voulu « qu'il en fût répandu, quand peut-être il aurait # pu me conserver letrône et la vie. Je nem'enre“ pens pas. » — « Ce fut moi qui lui annonçai le premier, le décret de mart : il était dans l’obscurité, le dos tourné à une lampe placée sur la cheminée, les coudes appuyés sur la table , le visage couvert de ses mains ; le bruit que je fis le tira de sa méditation , il me fixa , se leva, et me dit: « Depuis deux heures, jesuis occupé à rechercher « si, dans le cours de mon règne, j'ai pu mériter « de mes sujets le plus léger reproche : eh bien, « M. de Malesherbes , je vous le jure dans toute « la vérité de mon cœur, comme un homme qui