Histoire de la Révolution française

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la tyrannie. On dit même qu’elle eut des sentiments tendres pour l’un d’entre eux, Barbaroux. Révoltée contre la violence qui les chassait de Paris, elle crut qu’il suffisait de frapper le chef des forcenés, pour vaincre la démagogie. Elle partit pour Paris, hésitant si elle prendrait pour victime Robespierre, Danton ou Marat.

Ce fut celui-ci qu’elle choisit comme le plus odieux de tous, comme celui qui avait joué le principal rôle dans la journée du 2 Juin.

Elle alla le trouver chez lui, dans son bain, sous prétexte de délation; et pendant qu’il inscrivait les noms destinés à l'échafaud, elle le frappait au cœur et attendait, impassible, qu'on la livrât à la prison, c’est-à-dire au supplice. Elle se présenta devant le Tribunal révolutionnaire avec une dignité simple et noble, avoua tout, revendiqua hautement la responsabilité de son acte, rejeta toute complicité, accepta la condamnation avec la plus courageuse indifférence et mourut avec la même sérénité; véritable héroïne, si elle fût née à Rome, et non dans un temps où la conscience plus délicate refuse aux particuliers le droit de venger par le poignard les injures publiques.