Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 97 traditions ; Jésus en qui revivait l'esprit du prophétisme antique; ce n’est pas Jésus qu’on peut accuser d’avoir méconnu la grande Joi historique du développement progressif de l'humanité !
Cette loi, la Théophilanthropie | a méconnue, et il y a là une raison qui suffirait, fût-elle seule, pour expliquer l'échec de cette institution: Elle est tombée parce qu’elle ne tenait à rien, parce qu’elle n’avait aucun point d’attache dans le passé religieux de la nation. En se séparant da christianisme, sous quelque forme que ce fût, en rompant absolument avec la grande tradition juive et chrétienne, qui est la tradition religieuse par excellence, la: Théophilanthropie se condamnait elle-même à l’impuissance. En constituant, à force d'emprunts, une théologie, une morale, un culte, les Théophilanthropes se persuadaient assurément qu'ils avaient tout ce qui est nécessaire pour réaliser une Église. Ils se trompaient! Il leur manquait d’une part, dans les esprits et dans les consciences, une suffisante préparation; de l’autre, l'autorité d’une grande et vénérable tradition. Leur institution n’eût pas vécu, quand même leur doctrine aurait été aussi favorable à la vie religieuse qu’elle l'était peu, et quand même leur culte eùt été aussi simple et vivant, qu'il était pompeux et vide. Sans doute, ils pouvaient attirer à eux un petit nombre d’esprits cultivés, et portés au rationalisme, mais quant à exercer sur la masse de la nationune influence profonde et durable, ils n’y pouvaient prétendre, qu’en se faisant sur l’état des esprits et la valeur de leur système les plus étranges illusions. Peut-être auraient-ils réussi chez un peuple sans religion, ou dont la doctrine et le culte eussent été infiniment inférieurs au catholicisme. Mais quand ils avaient en face d’eux des Églises vivantes encore et plus enracinées qu'il ne semblait dans la conscience de la nation, des Églises qui enseignaient tout ce que les Théophilanthropes enseignaient eux-mêmes, et qui l’enseignaient avec l'autorité incomparable d’une tradition de dix-huit siècles, qui donc étaient-ils, eux, pour arracher leurs contemporains à l’ancienne Église et qu'avaient-ils à leur offrir pour les conquérir à la leur ?
Ainsi, la Théophilanthropie est tombée parce qu'elle était complétement en dehors du grand courant de la tradition, parce
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