Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

100 LES CATHOLIQUES ALLEMANDS.

tentative n’est pas sans analogie avec celle qui a été entreprise par les Théophilanthropes, en France, à l'époque du Directoire, avec cette différence, toutefois, que le mouvement d’impulsion est venu en Allemagne, non des laïques, mais des ecclésiastiques eux-mêmes. De là, ce fait frappant que les catholiques allemands, au début du moins de leur entreprise, loin de vouloir comme les théophilanthropes français faire table rase du passé et construire à nouveaux frais un édifice religieux qui ne ressemblât en rien aux anciens, ont tenté de conserver la chaîne de l’histoire et, fidèles en cela au caractère de la race germanique, ont voulu plutôt opérer une réforme radicale de la religion existante qu’en fonder une nouvelle.

Malheureusement les hommes qui étaient à la têle du mouvement n'étaient pas à la hauteur de leur tâche, et c’est pour n'avoir pas compris qu’ils devaient se refuser à des alliances fâcheuses, c’est pour n’avoir pas su résister aux conseils de ceux qui, d’une œuvre primitivement religieuse, ont voulu faire une œuvre politique et sociale, c’est pour avoir souffert qu'une société qui, dans le principe, ne voulait être que religieuse, se transformât, sous le coup des événements de 1848, en un club politique, que leur tentative, commencée sous de si heureux auspices, a misérablement échoué. î

Au mois de mars 1844, Jean Czerski, à la suite d’une infraction à la loi du célibat, fut transféré par l'autorité diocésaine à Schneidemühl, petite ville du duché de Posen, en qualité de vicaire du vieux prieur Busse, un homme qui, par son intolérance et en partieulier par son ingérence dans les questions de mariage mixte, avait excité le plus vif mécontentement parmi les membres de son église. Jean Czerski était un homme d’un caractère doux et paisible, une de ces âmes affectueuses qui éprouvent si vivement le besoin de la vie de famille. Ses réflexions sur cette obligation inique et contre nature du célibat, imposée par l’Église romaine à tous ses prêtres, l’amenèrent à se demander si la foi qui sauve ne serait pas la foi en Christ et non la foi au pape. Il trouva parmi les catholiques de Schneidemühl un grand nombre d’âmes déjà préparées à distinguer entre la religion des prètres et celle de