Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

10% LES CATHOLIQUES ALLEMANDS.

théologie protestante, mécontents pour un motif ou pour un autre de leur Église, déclarèrent adhérer au mouvement catholique allemand. C’étaient pour la plupart des adeptes de l’ancien rationalisme chassés de l’Église par l'intolérance du parti orthodoxe; plusieurs même étaient de fervents disciples de Strauss et contribuèrent à lancer la secte dans les voies du panthéisme humanitaire. Ronge ne sut pas résister aux avances que lui faisait un parti religieux sorti du protestantisme, et dans lequel dominaient les principes de la gauche hégélienne. La communauté des Amis de la lumière (Lichtreande), ou Société des Amis Prolestants était née à Magdebourg et à Halle, à peu près vers le même temps, et s'était formée par l'alliance des anciens rationalistes avec l’école hégélienne radicale. Les frères Wislicenus, tous deux pasteurs, et tous deux hégéliens, dirigeaient ce mouvement, et travaillèrent à unir les catholiques allemands avec les communautés libres protestantes.

L'union était complétement formée lors du second Synode catholique-allemand tenu à Berlin, en mai 1847, où Wislicenus joua le principal rôle. Ce Synode contribua beaucoup à accélérer le mouvement qui précipitait les catholiques-allemands vers le panthéisme hégélien.

Sur ces entrefaites, arriva la révolution de 1848 : les préoccupations religieuses et les questions philosophiques furent reléguées à l'arrière-plan ; la politique et les problèmes sociaux dominaient seuls les esprits. Ronge se jeta dans le courant avec une ardeur révolutionnaire. L’apôtre se fit tribun : il fit alliance avec les démocrates radicaux, comme Robert Blum, et fut député au parlement de Francfort, où il se rangea parmi les partisans de la république. En agissant ainsi Ronge aurait dû comprendre qu'il compromettait sérieusement le mouvement religieux réformateur auquel il avait pris une part si active. A son exemple, la nouvelle Église se transforma en effet en une société politique : les lieux de culte devinrent des clubs où se discutaient avec passion les questions politiques et sociales.

Comme il était désormais facile de le prévoir, l'Église catho-