Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

Tu0 LES CATHOLIQUES ALLEMANDS.

tieunent pas toujours à des époques régulières. Beaucoup dè communautés n’ont point de prédicateur autorisé. J'ai eu l’occasion d’assister à une de ces assemblées pendant l'été de 1868. C'était à Heidelberg, peu de temps après l'inauguration du monument de Luther à Worms, qui avait réuni l’Allemagne tout entière dans un élan de patriotique enthousiasme. L'assemblée, tenue dans une grande salle de l'hôtel du prince Max, disposée à cet effet et qui sert aussi de lieu de culte à la secte piétiste, était composée en majeure partie d'artisans de la ville ou des environs, et de petits commerçants et d’un certain nombre d'étudiants de l’Université qui paraissaient amenés là, comme moi, par un mouvement de curiosité. Le nombre des femmes y était très-inférieur à celui des hommes, à l'encontre de nos assemblées religieuses. L’orateur, dont l’arrivée avait été annoncée par les feuilles publiques, était un ancien candidat protestant. Il n'y avait rien de sacerdotal du reste dans sa personne: il était en simple redingote, et portait une moustache fort apparente. Il ouvrit le culte par cette invocation : « Au nom de la vérité et de l'amour. » Amen. Puis, après le chant d’un cantique qui expri-

mait bien plus le panthéisme poétique et vague que Gœthe a

rendu populaire en Allemagne que le théisme chrétien, l'orateur commença immédiatement son discours. La prière proprement dite est absente du culte. Son discours renfermait deux parties bien distinctes : d'abord un panésyrique de Luther dont le souvenir préoccupait alors tous les esprits; puis une critique assez impartiale des imperfections et des inconséquences de la Réforme ; eLen même temps une réponse à ceux qui invitaient les communautés catholiques-allemandes à se réunir à l'Église protestante, comme venait de le faire tout récemment celle de Manheim. Il invoquait pour se refuser à cette démarche l’insuffisance et la timidité du libéralisme protestant, trop préoccupé de conserver encore un Jlambeau de la tradition chrétienne. Après le culte, j'eus aussi la bonne fortune d'assister à un baptême. Le prédicateur demanda aux parents s’ils voulaient qu’il suivit, en baptisant l'enfant, l'usage ordinaire de verser de l'eau sur sa tête, en leur rappelant que c'était là une cérémonie vaine,

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