Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 25

D'ailleurs, de bonne heure, des divisions, des schismes s’étaient produits dans le sein de la Société, et durent avoir sur sa destinée une influence funeste. Dès le mois de juillet 1798, les théophilanthropes de Saint-Thomas-d’Aquin s'étaient séparés de la société-mère; bien que les motifs de cette séparation aient été exposés par eux, il est assez difficile de se rendre un compte exact de ce qui amena le schisme. Les théophilanthropes de SaintThomas-d’Aquin trouvaient, semble-t-il, que la société-mère affectait trop les allures d’une église, «ilsne s'étaient pas séparés, disaient-ils, d’une secte, pour tomber dans une autre; » ils admettaient bien qu'il fallait, « pour l’ordre public, une sorte de culte, de quelque nalure qu’il fût, mais, d’après eux, il ne falJait pas qu’il y eût dans la discipline d’une religion quelconque, rien qui püt être contraire aux lois; or, ils ont remarqué, disentils, que les lecteurs ou orateurs théophilanthropes paraissent se former en secte, qu'ils se ressèrent en communion, qu'ils ont entre eux un centre de police et de doctrine. Cette manière de se propager leur paraît contraire au régime républicain qui ne doit avoir d'autre lien politique que celui de la patrie, d'autre juridiction que celle des magistrats, d'autre censure que celle de la loi. » Il sémble résulter, en somme, de l'exposé des théophilanthropes de Saint-Thomas-d'Aquii, qu'ils avaient, eux, entendu ne constituer qu'une religion civile, si l’on peut ainsi dire, et que ce qu'il y avait de religieux dans la Théophilanthropie était précisément ce qu’ils voulaient éliminer.

Is déclaraient, en terminant, que pour obvier au danger signalé par eux et empêcher que la Théophilanthropie ne dégérât en secte, ils entendaient prendre possession de l’église deleur circonscription et s'affranchir du ; joug des autres sociétés dont ils pouvaient bien, disaient-ils, emprunter les cérémonies, les chants, les rites, maïs, « par imitation et non point par soumission, ne reconnaissant d'autre autorité que l'autorité des lois. »

Ce schisme n’était pas le seul germe de ruine quela Théophilanthropie portât dans son scin. Comme ceux de Saint-Thomasd'Aquin, les théophilanthropes de Sens se séparèrent de leurs irères ; ils avaient un rite distinct appelé le rite de Sens, qui dif-