Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

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des consuls parut, portant que les théophilanthropes ne pouvaient désormais se réunir dans les édifices nationaux. Dans les iermes où il était rendu, cet arrêté, pouvait à la rigueur se défendre. Les édifices nationaux appartenaient en droit au culte chrétien, et bien qu'il eût été plus équitable, plus généreux au moins, d'accorder gracieusement un ou plusieurs de ces édifices à la célébration d’un culte fondé en définitif sur amour de Dieu et des hommes, en droit strict la Théophilanthropie n'avait rien à prétendre sur des édifices qui tous avaient été élevés par la foi et la piété chrétienne. Mais en France les réaclions ne s'arrêtent jamais à moitié chemin : non-seulement, en effet, les théophilanthropes v’eurent plus à leur disposition un seul édifice national, mais encore on leur refusa l'autorisation de se réunir dans un lieu loué par eux; ils ne purent même obtenir qu’on leur donnât acte de leur demande d'autorisation; c’est ce qui résulte d’une brochure très-modérée de ton, publiée à Paris en mars 1804. Le premier consul qui venait de conclure le Concordat et qui négociait à Rome pour obtenir que le pape vint le consacrer à Paris, témoignait ainsi de son bon vouloir visà-vis de l’Église et se conciliait par de tels actes, qui ne coûtaient rien à son pouvoir ou à son orgueil, la faveur du Saint Père.

Dès ce moment, la Théophilanthropie n’eüt plus de culte publie, plus d'existence officielle ; elle se survécut pourtant à ellemême dans quelques familles, et dans une école, l’école Richard, où Chemin donnait des leçons de latin et enseignait la morale selon les principes de la Théophilanthropie.

Quelque opinion que l’on ait de cet institution, on ne peut que déplorer de la voir tomber ainsi sous un arrêté du pouvoir consulaire; il y à là une atteinte profonde au droit de Ia conscience, contre laquelle tout ami vrai de la liberté doit protester bien haut ! Il ne faut pas se retrancher derrière des raisons spécieuses comme celle du petit nombre des Théophilanthropes au moment où parut l'arrêté des consuls : un droit est sacré en lui-même et la violation en est toujours criminelle, quel que soit le nombre de ceux que cette violation atteint! Ce n’est pas à un historien protestant qu'on devrait avoir à rappeler de telles vé-