Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 43 rement des bienfaits que chaque homme a reçus de sa patrie. D'ailleurs une société ne subsiste que par le soin que chacun des membres qui la composent prend de sa conservation ; de sa souffrance ou de son bien-être dépendent très-directement la souffrance ou le bien-être de chacun; d’où il suit que, par intérêt autant que par reconnaissance, chacun doit travailler à la prospérité de la patrie commune.

Se rendre utile à la patrie, c'est travailler ! l’homme laborieux n’est à charge à personne et il se rend utile aux autres. Se rendre utile à la patrie, c’est élever, si l’on en a, ses enfants conformément à la vertu, afin qu’ils soient, à leur tour, utiles à la société.

Se rendre utile à la patrie, c’est la défendre, si elle est en péril. Faisons des vœux pour que les hommes, comprenant qu'ils sont frères, ne songent plus à s’entr'égorgér; mais en attendant que nos vœux se réalisent, si notre pays est attaqué, le seul moyen d’avoir une paix solide, c’est d’opposer à l’ennemi une défense vigoureuse. ‘ . |

Se rendre utile à la patrie, c’est payer à l'État les contributions qui lui sont dues, c’est donner à la société entière l’exemple du respect pour les lois, les magistrats, les cultes, leurs ministres, pour les usages reeus qui ne choquent pas la morale; l'exemple, en un mot, des vertus qui font le bon fils, le bon époux, le bon père, le bon citoyen! |

Tel est l’ensemble des préceptes moraux de la Théophilanthropie! Tout cela, on le voit, ne constitue rien de bien profond, ni surtout de bien neuf. C’est la morale de Jésus, moins l’originalité, la fraicheur et la vie! ou plutôt cela est à la morale de Jésus ce que la fleur desséchée, cataloguée dans l’herbier du savant, est à la même fleur vivante et parfumée au milieu des campagnes !

Les Théophilanthropes n’ont pas même essayé de racheter Ja banalité du fond par la nouveauté des applications. Certaines questions morales d’une solution délicate, celles du duel, du serment, par exemple, n’ont pas même été effleurées par eux. En somme, tout ce qu'il y a là de vrai, de grand, de beau, est un emprunt fait à l'Évangile auquel la Théophilanthropie a lout pris sans le nommer, et auquel elle n’a presque rien ajouté.