Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 59 chique entreprise, à son profit, par Napoléon, comme elle fit, dans l’ordre religieux, le succès de la restauration catholique. Quand Napoléon releva le catholicisme et lui rendit sa place dans l'État, il n’agit pas seulemement en despote habile qui sait choisir ses alliés, et discerner tout ce qui peut servir d’instrument à sa puissance, mais aussi en observateur profond, sagace des besoins de son temps. En effet, en religion comme en politique, les âmes aspiraient à revenir aux institutions du passé; non par conviction, gardons-nous de le croire! mais par lassitude. De là, la réaction catholique qui commencait sous le Directoire, précisément au moment où se fondait l'institution Théophilanthropique. Nous n'avons pas à apprécier ici ce mouvement, à faire la part de ce qui revient, dans cette restauration du culte antique, à la foi vraie d’un côté, à la politique de l’autre. Il est bien certain qu'on voyait apparaître alors les premiers symptômes d’un réveil de l'esprit religieux ; il est certain que le catholicisme s'était purifié, retrempé dans la sanglante épreuve qu'il avait traversée, et qu'il avait ressaisi ainsi une partie de son empire sur les âmes. D’un autre côté, il n’est pas moins sûr qu'ayant partagé le sort de la royauté, traversé les mêmes épreuves, il apparaissait de plus en plus comme son allié naturel, le défenseur, Pappui des idées d'ordre, d'autorité, de stabilité. Aussi l'alliance se fit elle comme d'elle-même entre ces deux causes et ces deux partis : le parti royaliste et le parti catholique, qui, à vrai dire, n'en firent plus qu’un. Beaucoup qui ne coopéraient pas par motif de foi à la reslauration religieuse, y coopérèrent par motif politique, se persuadant, non sans raison, travailler au rétablissement des autels en travaillant à relever le trône. Camille Jordan, par exemple, qui le 16 juin 1797 avait prononcé au Conseil des Cinq-Cents, en faveur du catholicisme, ce discours qui, par l’immense retentissement qu'il obtint, prit les proportions d’un événement, Camille Jordan n’était rien moins qu’un catholique convaincu; il avait parlé en politique plus qu’en croyant, et défendu dans les prètres des malheureux sans doute, mais surtout des royalistes dévoués. | {