Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

CHAPITRE X.

La doctrine des Théophilanthropes. — Leur idée de Dieu, — Le Déisme. Impuissance religieuse du Déisme.

Nous croyons que les considérations qui précèdent pourraient, à elles seules, rendre compte de l’échec de la Théophilanthropie. Toutelois, l'intérêt historique de cette étude n’étant, à nos yeux, ni le seul, ni le plus important, il nous paraît utile de jeter un coup d'œil sur la doctrine même des Théophilanthropes, et de voir s'iln’y a pas aussi dans cette doctrine une raison de leur échec.

Dans toute religion comme dans toute philosophie, plus encore que dans toute philosophie, l’idée importante est celle de Dieu. C’est l’idée capitale du système, celle dans laquelle le système tout entier se résume, celle qui en fait la pauvreté ou la richesse, ja stérilité ou la puissance. Pourquoi, par exemple, aucun système n’a-t-il la valeur religieuse du christianisme? parce qu’aucun ne nous donne de Dieu une idée aussi propre à favoriser et à développer la vie religieuse.

Le christianisme nous donne l’idée d’un Dieu qui n’a pas seulement créé le monde à un moment donné, à une époque déterminée de l'histoire, mais qui le crée en quelque sorte chaque jour par l’action continue de sa providence; d’un Dieu qui ne gouverne pas la nature de loin, au moyen de lois générales, mais qui se tient lui-même, en esprit, au sein et au centre de cette création, la conduit, la'‘soutient, l'anime; d’un Dieu qui ne s’intéresse pas seulement à l’ensemble mais aux détails de son œuvre;