Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THEOPHILANTHROPIE. si allemand appelle une idole transcendentale ? Aussi est-il curieux de voir sur quels motifs Rousseau s'efforce de fonder l'amour que nous devons à Dieu, et comment il est réduit à le déduire, comme une conséquence, de l'amour de nous-mêmes. Mais ces efforts même ne prouvent qu'une chose : c’est que logiquement il n’y a pas de communion possible avec un Dieu qui n’est que la cause inconnue et incompréhensible de l’univers, et qu’un abîme infranchissable sépare du monde matériel et de l’âme.

On conçoit aisément quelle morale découlera de ce système religieux. La parenté, l’affinité de l’homme et de Dieu étant niées, Dieu n’est plus l'idéal humain, le but proposé à l’activité morale de l’homme. La grande parole du Christ : « Soyez parfaits comune votre père céleste est parfait, » ne se comprend plus, et la morale renfermée dans un horizon plus étroit, ramenée à des prétentions plus modestes, se change en une froide moralité, plus rapprochée de ce que le monde appelle honnêteté, que de la sainteté évangélique.

En même temps s'évanouissent certaines dispositions, certaines vertus qui naissent du rapport personnel de l’homme avec Dieu : la repentance, par exemple, et l'humilité : En effet, la repentance suppose le sentiment d'une offense personnelle faite à Dieu, tout au moins d’un rapport avec lui rompu par le péché; d’un autre côté, ce n’est qu’en se rapprochant du Dieu très-saint que l’homme, toujours porté à s’énorgueillir quand il se compare à ses frères, se sent disposé à l’humikté. Les pages qui précèdent ne sont pas ici un hors-d’œuvre : c'est en effet de Voltaire et de Rousseau que la Théophilanthropie procède : de Rousseau surtout, dont les écrits empreints d’un caractère plus religieux, ont visiblement servi de modèle aux écrivains Théophilanthropes. Ces écrivains unissent le rationalisme de Voltaire au sentimentalisme de Rousseau; mais leur système n’est au fond que le Déisme : leur Dieu c’est le Dieu du Déisme ; ils l’appellent le Créateur des mondes, VArchitecte de l'univers, le Père de la nalure ;

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