Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THEOPHILANTHROPIE. S3 cher ailleurs que dans des hymnes ou des discours, où le’ sentiment prédomine, l'idée exacte des Théophilanthropes sur Dieu et sur ses rapports avec la créature. Dans le Manuel, Dieu est l'être incompréhensible, dont on ne peut savoir qu'une chose, c’est qu'il est. « Ce qu'est Dieu, ce qu'est l'âme, les Théophilanthropes ne prétendent pas le savoir ; ils ne portent pas jusque-là leurs recherches; ils sont convaincus qu’il y a trop de distance entre Dieu et la créature, pour que celle-ci prétende à le connaître, Ils se contentent de savoir d’après la magnificence et l'ordre de l'univers, d’après le témoignage de tous les peuples et celui de leur conscience, qu’il existe un Dieu, qu’on ne peut concevoir un Dieu sans l’idée de toutes les perfections, que, par conséquent, ce Dieu est bon, qu’il est juste, et qu'ainsi la vertu sera récompensée et le vice puni. »

Etla même pensée se retrouve même dans les Lectures et les Discours : «Ne demandez pas ce qu'est Dieu! Beaucoup de prétendus philosophes ont cherché à définir sa nature, et ils ont prouvé par leurs déraisonnements, qu'entre l'essence divine et notre intelligence il y à un intervalle immense. On demandait au législateur de l'Arabie ce qu'est Dieu. Dieu est Dieu, réponditil, voulant dire par là que l’idée de Dieu embrasse loutes les perfections et qu’il ne peut se définir que. par lui-même. On fit Ja même question à un sage de l'antiquité ; il demanda un temps fort long pour y réfléchir. Au bout de ce temps, il fit prolonger le délai, et répéta ainsi plusieurs fois le même expédient. Sur ce qu’on parut étonné de son embarras, il répondit que plus il examinait la question, plus il la trouvait au-dessus de sa portée. Dans un temple d'Égypte, on lisait cette inscription sur Dieu : Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera; nul mortel n’a encore levé le voile qui me couvre. Que nous importent d’ailleurs des raisonnements subtils sur l'essence divine ? Ces raisonnements ne nous rendront pas meilleurs : l'objet essentel est d’être bien convaincu de l'existence d’un premier être;

celte croyance salutaire peut seule assurer Je triomphe de Ja vertu sur le crime (1). »

(1) Le Année Théoph., p. 24, 25 et suiv,