Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THEOPHILANTHROPIE. 87 gesse de Dieu manifestées dans l’ordre naturel, voilà, en définitive, l'unique thème religieux qu’il lui reste à développer. Mais comment réduite à cette idée, la prédication Théophilanthropique échapperait-elle à fa monotonie et à la sécheresse ? D'ailleurs, dans cette voie deux dangers sont à craindre, et l’expérience prouve que les écrivains de l’école déiste n’ont guère réussi à les éviter.

Le premier, c’est la déclamation! Des écrivains, des prédicateurs surtout, n'ayant pour faire vibrer la corde religieuse d’autre moyen que de célébrer les beautés de la création, seront exposés à exagérer le sentiment naturel d’admiration, de reconnaissance, d’adoration, que le spectacle des beautés de Ja nature éveille dans le cœur. Ni Rousseau, ni Bernardin de Saint-Pierre n’ont éébappé à ce danger et ceux qui ont lu, avec quelque attention, les discours des orateurs Théophilanthropes savent si les disciples ont été, à cet égard, plus heureux que les maîtres.

Un autre danger pour des prédicateurs surtout, c’est de ne pas s’en tenir pour éveiller l'émotion religieuse, à la connaissance des lois générales de ia création, et à la description des grandes scènes de la nature, mais de descendre jusqu'aux moindres détails d'histoire naturelle, de chercher et de trouver partout matière à admirer, de découvrir partont un but sublime, un dessein profond, une intention touchante de la Providence, en un mot, de pousser jusqu’à l'absurde le principe de finalité. Bernardin de Saint-Pierre, par exemple, est tombé en plein dans ce défaut: dans sa manie de découvrir partout des traces de la sagesse et de la bonté divines, il se livre aux inductions les plus hasardées et les plus ridicules. N’a-t-il pas découvert une preuve de la Providence dans la couleur brune de la puce et dans l’instinct qui la pousse à rechercher la couleur blanche, ce qui permet de. l’attraper plus aisément? On a beaucoup ri, et il y avait de quoi, de ces remarques puériles, mais on n’a pas vu peut-être que c'était là une conséquence en quelque sorte obligée de la pauvreté religieuse du système déiste. Que de morceaux dans l'Année Théophilanthropique où l'on pourrait constater le même abus du principe de finalité! Nous n’en