Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET

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le greffier vint leur lire le jugement de mort. Les généraux Malet et Lahorie reçurent avec indifférence cette nouvelle lugubre, à laquelle ils s’attendaient; le général Guidal lança contre l’empire une malédiction suprême; les autres donnèrent les marques du plus violent désespoir.

L'arrêt de la commission militaire portait que le jugement recevrait son exécution dans les vingtquatre heures; les condamnés n’avaient plus qu’à se préparer à mourir.

Deux d’entre eux cependant, le colonel Rabbe et le caporal Rateau, devaient échapper à la boucherie. D’après les ordres du grand-juge, ministre de la justice, il fut sursis à l’exécution en ce qui les concernait.

Voici l’explication toute simple de cette faveur unique : le colonel Rabbe avait été l’un des juges du duc d'Enghien. L’empire était son créancier du sang du prince; il payait sa dette. Rateau était, comme je l'ai dit, parent, cousin au troisième degré, du procureur général de Bordeaux, qui se nommait également Rateau. Ce fut son salut. Tous deux virent leur peine commuée en celle de la prison perpétuelle, d’où la Restauration vint les tirer. Quant aux autres, qui n'avaient pas sur la conscience le sang d’un innocent, qui n'étaient pas apparentés à