Histoire des deux conspirations du général Malet

286 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

tion du gouvernement provisoire. Sa crédulité était tout son crime. |

De plus, il avait le tort d’avoir figuré, bien involontairement sans doute, parmi les membres du gouvernement provisoire formé par Malet ; il avait été l’ami de Mirabeau ; enfin il avait appartenu à cette pléïade d’idéoloques qui avaient imaginé de fonder la législation des peuples sur les bases de la morale, de la justice et du droit. Il est vrai que, depuis, il avait quelque peu laissé dans un coin de son cœur ces pensées généreuses de sa jeunesse ; nimporte: il fallait une victime expiatoire, ce fut lui qu’on choisit.

Le 21 décembre, Napoléon tint au palais des Tuileries un conseil privé, à la suite duquel il ordonna que toutes les pièces de la conspiration seraient immédiatement imprimées et distribuées aux présidents des sections au conseil d’État, afin que chaque section pût, dans la journée suivante, donner son avis sur la conduite du comte Frochot.

Dès le lendemain, en effet, il y eut au conseil d’État une séance solennelle, présidée par l’empereur. Le conseiller Réal fit un rapport détaillé de l'affaire. Après quoi Bonaparte prit la parole : il se plaignit amèrement de la facilité avec laquelle, sur la foi d’un inconnu, des officiers, des soldats, avaient cru