Histoire des deux conspirations du général Malet

292 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

tant même, qu’entrainé par son ami Lafon, il eût sciemment été le complice du général Malet, sa jeunesse, son inexpérience, le peu de part qu'il avait pris à l'affaire n’auraient-il pas dû atténuer sa responsabilité, lui valoir Pindulgence de ses juges? Il y avait plus de trois mois que la conspiration avait eu lieu; on n’y pensait plus; on y pensait si peu que le procès de Boutreux passa pour ainsi dire inaperçu, sans laisser aucune trace dans la mémoire des contemporains. Douze immolations sommaires wavaient-elles pas apaisé la soif de sang des vainqueurs ? Mais demandez donc de la pitié à ces machines à meurtre qu’on appelait des commission militaires sous le premier empire !

A l'unanimité, le jeune Boutreux fut condamné à mort. Caâmano eut la chance d’être acquitté. Il fut prouvé du reste qu’il était absolument ignorant des projets du général. Il avait reçu chez lui à sa sortie de la maison de santé, voilà tout ; et il l'avait laissé partir sans se douter des évènements qui allaient se passer. On ne Pen mit pas moins sous la surveillance de la haute police, tout en le déclarant innocent. Il arriva même qu’au bout de quelques mois, on jugea à propos de l’arrêter et de le replonger en prison, tant la police impériale était ombrageuse et arbitraire ! Il ne recouvra la liberté qu’à la Restauration.