Histoire des deux conspirations du général Malet

22 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

la tranquillité des tombeaux et le repos de la servitude. Dieu garde les peuples d’un pareil repos!

Cependant Bonaparte continuait la série de ses forfaits, qui, plus que l’éclat de son génie militaire, assureront l’immortalité à son nom.

Après avoir assassiné la République française, il avait jugé à propos de voler, en vrai bandit de grand chemin, la couronne d’Espagne. On sait par quelle fourberie il attira Ferdinand VII à Bayonne, où il s'était rendu, et comment il s’empara du trône de Charles IV, de ce vieux souverain qui s'était si imprudemment confié à lui, pour y mettre son frère Joseph, vrai mannequin qu’il habilla d’une défroque royale.

L’Europe assista, muette et indignée, à cet acte de forban, qui rappelait, moins le sang versé, la tragédie d’Ettenheim. Quant à la France, complice involontaire et inconsciente de cette horrible trahison, il était difficile que le sentiment public se ma nifestât dans son sein et fit explosion. La presse, cette grande voix du pays était baïllonnée. Les quelques feuilles, tolérées, les unes à cause de leur bassesse, les autres à cause de leur insignifiance, se bornèrent à enregistrer évènement comme la chose la plus naturelle du monde.

Ce fut alors qu’une poignée de patriotes, reste