Histoire des deux conspirations du général Malet
30 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS
cette affaire de 1808, dont, pour la première fois, je viens révéler à l’histoire les circonstances, tout à fait inconnues jusqu’à ce jour.
Le vieux Jacobin s'était assez bien contenu pendant tout le temps du consulat. La République existait encore de nom, et il prenait patience. Bonaparte passera, pensait-il, et l’on en reviendra à la vérité des institutions républicaines. Illusions trompeuses !
La substitution de l'empire à la République fut pour lui comme un coup de foudre. Il ne put voir, sans un affreux serrement de cœur, se relever ce trône, à la chute duquel il avait tant travaillé ‘et applaudi jadis, comme à l’affranchissement de son pays. Le trône restauré, c'était la France ramenée à l'esclavage, c’était le peuple remis sous le joug d’une honteuse servitude. Sa douleur s’exhala en plaintes amères.
La police impériale jugea à propos de couper. court à ces plaintes en incarcérant Demaillot. Cependant, bien que le gouvernement de Bonaparte ne se soit jamais montré fort soucieux de la liberté individuelle, on pensa sans doute que des bavardages politiques, — c’est le mot de l'administration — ne valaient pas un emprisonnement indéfini, et lon offrit au vieux patriote de lui rendre la liberté