Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET o1

sous la condition qu’il s’éloignerait à quarante lieues au moins de Paris et des côtes.

Demaillot refusa. Il voulait des juges, ne reconnaissant pas au gouvernement le droit de disposer ainsi arbitrairement de la personne des citoyens.

Ce refus exaspéra apparemment lhonnête administration impériale, car une décision du mois de vendémiaire an XIII ordonna que le détenu serait conduit à Dôle de brigade en brigade. Mais le malheureux Demaillot était dans un état de santé si déplorable que cet ordre ne put recevoir son exécution. Dix jours après, on était obligé de le transférer dans une maison de santé.

Là il passa pour un rêveur, pour un illuminé. C'était un pauvre hère, disait-on, écrivassant du matin au soir, et ne tirant pas à conséquence. Et puis, il était affligé de goutte et de rhumatismes, à moitié perclus, ne pouvant marcher qu'avec des béquilles. Qu’est-ce que l'empire avait à craindre d'un pareil adversaire? Quand il put quitter la maison de santé où il était sous l’œil de la police, on le laissa libre. La police ne vit pas que dans ce corps usé il y avait un cœur indomptable; elle ne sentit pas que dans cette âme qu’elle croyait presque éteinte il y avait une flamme immortelle, la flamme vive de la patrie.