Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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concerts. On a chanté l’ode de M. Chénier sur Voltaire commençant ainsi :

Ce ne sont plus des fleurs qu'il est temps de répandre.

« Le chant en est superbe, il a été très bien exécuté par MM. Laïs, Chéron, Charlilles, etc. »

Les concerts attiraient la même affluence que les lectures et ils étaient toujours délicieux ; les artistes les plus remarquables en faisaient les frais.

Comme les années précédentes, Edmond et son frère suivirent assidûment les leçons du Lycée, mais il y avait dans le personnel des auditeurs d'étranges changements. Alors que les opinions du jeune homme n'avaient fait que s’accentuer, celles de ses condisciples s'étaient modifiées dans un sens tout différent.

Notre étudiant est navré de ces changements qui lui rendent insupportable un séjour où il goûtait tant de charmes et qui était pour lui dans la capitale une si précieuse ressource :

« Le Lycée n’est rempli que de feuillants, d’aristocrates, de jeunes fats, libertins, bavards, spadassins. Étant en plus petit nombre les patriotes sont obligés de se taire, ou de criailler, d'en venir à des personnalités grossières chaque fois que venant des cours cette insupportable vermine se rend dans le salon de conversation, et y vomit impunément les plus détestables injures contre les meilleurs patriotes tels que