Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 241

Pétion, Brissot, Vergniaud, ete. Imagine-toi, le dépit, les souffrances qu'éprouvent les bons patriotes. Ah! qu'il leur est doux ensuite lorsque cette mauvaise engeance est partie d'exprimer leurs opinions sans crainte d'être interrompus d'une manière insolente. Voilà en peu de mots quel est le patriotisme qui domine au Lycée et c'est en grande partie celui qui domine dans Paris, et si les départements n'en avaient pas un autre les Français pourraient dire adieu à la liberté. »

Enfin il en arrive à un tel degré d’exaspération contre ses collègues qu'il s'écrie :

«Il y a des jours où j'aimerais mieux être à Coblentz qu'au Lycée. »

Mais ce n'est pas seulement au Lycée que la réaction lève la tête, dans Paris elle gagne du terrain, et la révolution va devenir la proie des aristocrates :

Paris, 21 décembre 1791.

« La capitale est un peu agitée, dit Edmond. L'aristocratie, sous le voile de la.Constitution, fait chaque jour des progrès étonnants, et le patriotisme indigné s'emporte quelquefois au delà des bornes. Le pouvoir exécutif détruit tous les moyens que le corps législatif croit nécessaires pour calmer les troubles et ne prend aucune mesure pour ramener l'ordre et la tranquillité. Cependant le patriotisme pousse des cris de

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