L'atomisme d'Épicure

OT

l'immuabilité des espèces dont la nature a prescrit des bornes à l'accroissement, à la durée et au pouvoir, notre philosophe déduit aussi l'indestructibilité des éléments. Si les atomes pouvaient être modifiés de quelque manière, tout ce qui concerpe les espèces deviendra incertain d'une manière nécessaire (x). 1

Epicure, on le voit bien, est resté parfaitement fidèle à la doctrine des anciens atomistes d’après laquelle les principes de toutes les choses dans la nature sont les atomes qui sont absolument indivisibles, l’espace vide ne pouvant pénétrer en eux. Mais l’argumentation d’Epicure est plus ample, car elle vient après la réfutation de la discontinuité d’Aristote.

Pour l'entretien de l'univers les atomes et le vide sont ésalèément nécessaires. Car s’il n’y avait pas de vide, l’univers serait un solide absolu; par contre, s'il n'existait pas de corps qui remplissent le lieu qu'ils occupent, tout serait espace vide. Comme le monde n’est ni absolument plein, ni absolument vide, il est évident que la matière et le vide sont entremêlés. Ce sont les corps premiers qui par le plein interrompent le vide, et qui ne peuvent être endommagés par aucun choc extérieur, ni décomposés par aucun corps, ni altérés par quelque autre atteinte. Mais sans le vide rien ne peut être brisé, désagrégé ou coupé en deux (2).

Donc toute la nature se compose des conps et du vide. L'existence des corps nous est démontrée par le témoignage des sens, ce qui donne à la raison un principe inébranlable pour mieux faire des suppositions sur l'inconnu (Epicure pense aux alomes qu’on ne peut pas percevoir par les sens). D'autre part, s’il n'existait pas d'espace vide, les corps, comme on l’a vu, n'auraient ni où se placer, ni à travers quoi se mouvoir. Tout ce qui existe est ou tangible, et alors doit être rangé au nombre des corps, ou bien est impalpable, et alors c'est le vide (3). En dehors des corps qui sont actifs ou pas-

(1) Ibid. Y, 584598. (2) Ibid. I, 520-559. (5) DL, 39, 40; De R. N. I, 418-439.