L'atomisme d'Épicure
Mais la justice est satisfaite, car elle a reçu une défense brillante qui couvre de son ombre toutes les accusations injustes. Avec la subtilité d’un penseur profond, Guyau a déchiffré dans son excellent ouvrage La Morale d'Epicure, où il a donné l'interprétation la plus ingénieuse de la philosophie d'Epicure, le véritable sens de la théorie du clinamen. Guyau à montré que Je fondateur de-l’épicurisme a conçu la liberté de l'homne comme produit par la liberté qui règne dans la nature. « Dans la conception épicurienne de la liberté, ...le point qui nous paraît le plus saillant et le plus original, c’est la solidarité étroite établie entre l'homme et le monde. D'habitude les partisans du libre arbitre sont loin de concevoir l'homme et le monde sur le même type : la liberté leur semble plutôt une puissance supérieure à la nafure et divine, qu'une puis-. sance empruntée à la nature et qui se retrouve en ses éléments » (x). Guyau a aussi expliqué que la déclinaison n'est pas un fait passé, mais que les atomes aussi bien que les individus, la conservent (2). De plus, Guyau a concilié d’une manière
qu'Epicure a créé sa théorie de Ja déclinaison afin de pouvoir remplacer la nécessité qui régne dans la nature par la diberté.
Entre un grand nombre de jugements. négatifs sur cette théorie nous mentionnerons encore celui de Plutarque dans le De solertin animalium. VIT, 1 et 2 La comparaison déplacée de Plutarque et sa déclaration qu'un | expédient si petit que J'est Ja déclinaison, ne peut produire le monde et la liberté humaine, montre qu'il n’a pas approfondi l'idée de notre philosophe. Comme exemple d'une dépendance aveugle des critiques de Cicéron peut servir le jugement de Fénelon dans son {raïlé de l’Zxistence de Dieu. « Sans le clinamen, la ligne droite ne peut jamais rien faire, et le système tombe par terre. Avec Ile clinamen, inventé comme les fables des poëtes, la ligne droite est violée, et le système se tourne en dérision. L'un et l'autre, c'est-à-dire Ja ligne droite et le clinamen, sont des suppositions en l'air, et de purs songes » (Œuvres de Fénelon, 1845, partie I, chap. JT, p. 44.
Des inferprétaleurs plus sérieux nous citerons Zeller qui nomme Phypothèse de la déclinaison « eine dem naturwissenschaftlichen Sinn so widerStrebende Annahme » (p. #25, note 1).
(4) Ouvr. cité p. 98. Voir aussi p- 99100.
(2) Ibid. p. 86-89. Cet avis est rejeté par Zeller (p.408, note 1), qui ne xoil pas que Guyau seul a compris la pensée intime d'Epicure. Güdeckemeyer est d'accord sur ce point avec Zeller (La thèse citée, p. 128). La liberté de l’homme étant basée sur la faculté des atomes de dévier alors, si cette faculté n'existait que pendant Ja création du monde, la liberé des l'homme cesserait aussi d'exister, le monde une fois formé. Et sans le libre arbitre S'écroulerait la Morale d'Epicure. (\