L'atomisme d'Épicure
Epicure a adopté la nécessité des anciens atomistes, en tant qu'il a admis la régularité des lois de la nature, et en tant qu'il a nié la possibilité du miracle, en rapport avec ses vues sur les croyances religieuses. Mais il a libéré les derniers principes de Ja nature, les atomes, en leur attribuant la faculté de dévier de la ligne droite. Le moraliste Epicure qui tenait, beaucoup à sauver le libre arbitre s’efforçait de le fonder pro: fondément ; c'est pour cela qu'il accordait aux éléments des choses Ja faculté de déclinaison qui est, en réalité, un rudiment de la volonté (x). Conçue de cette manière, la volonté
nent le hasard des atomistes. Liepmann a pris ce fait en considération ; il soutient que aérouotov contient tous les pénomènes qui ne peuvent pas être réduits à Ja causalité. Aïnsi Ôtvn est produit par aÿrouatov (echanik der Leucipp. Democr. Atome, 1885, S. 55). D'après Güdeckemevyer, Démocrite a regardé comme fortuits les phénomènes qui ne sont pas liés comme effet et cause, mais il a nié leur réalité objective, tandis au'Epicure, suivant le principe de sa Canonique, a attribué au hasard même la véracité objective. (La thèse citée, p. 41). À ce propos Güdeckemeyer lève le système de Démocrite qui restait fidèle à l'idéal des sciences naturelles au-dessus de celui d'Epicure où cet idéal n'était pas maintenu. = Quoique dans les textes il existe des rapports contraires sur la nécessité de Leucippe et Démocrite et sur leur aÿtouatov, nous pensons que la nécessité était le principe originaire de leur explication de la nature. Notre opinion est d'abord fondée sur la plupart de textes, et puis sur l'hypothèse de Zeller qui a donné une interprétation réussie des textes contraires. Nonobstant les témoignages sur le rôle principal de Ja nécessité dans le système de Démocrite, Mabilleau dit : « Il est bien certain que Démocrite n'a pas cru que la succession des phénomènes était fortuite au point d’être miraculeuse ; mais peu importe que son déterminisme se pare de nom de nécessité (Fr. A), l'absence de loi n'en reste pas moins manifeste » (Ouvr. cité p. 216). Mabilleau a certainement confondu la conception de Démocrite avec celle d'Epicure. ‘
(1) L'opinion de Güdeckemeyer que chez Epicure ç Willkür, Zufall und Deklination » ne sont pas « willkürlich », mais qu'ils sont « ursachlos » (p: 1928), déduit à grand'peine, malgré les textes qui s'y opposent, et malgré l'opinion contraire, clairement exprimée chez Lucrèce (II, 251), est erronée et’arbitraire. Zeller se trompe de même, quand il compile la doctrine sur la déviation dans les contradictions du système d'Epicure (p. 465, 5 édit.) Car par la déclinaison des atomes notre philosophe n’a pas, comme le pense Zeller, fait la loi d’une « unerklärliche Willkür », mais il l'a conçue comme origine du libre arbitre. "