L'atomisme d'Épicure
Quand l’homme perd connaissance, l'âme semble vouloir s'en aller. Et peut-on croire que l’âme, sortie du corps à J'état de faiblesse, sans son abri,serait capable de subsister non pendant l'éternité, maïs même un mom.nt ? Le mourant ne sent pas que son âme sort saine de son corps ; il sent qu'elle s'éteint, comme les sens. Si l'âme était immortelle, elle quitterait gaiement le corps, comme le serpent quitte sa dépouille (x). : L
Etant formée des éléments bien plus petits et plus mobiles que ceux de l’eau, du brouillard et de la fumée, l'âme, une fois séparée des membres, se résout plus promptement en ses éléments que ces corps. Et si le corps, ce vase de l'âme, ne peut arrêter sa fuite, comment la retiendra l'air, qui est moins dense que le corps ? (2).
Dans l’enfance l'esprit est faible comme le corps ; puis, avec la croissance du corps, l'intelligence augmente aussi : ensuite dans la vieillesse l'esprit s'embarrasse. Donc l'âme naît, croît ef périt en même temps que le corps (3).
L'âme souffre des maladies du corps, de la folie, de ja perte de la mémoire, de l’épilepsie et de la léthargie. Le vin peut troubler l’âme au fond du corps. Elle est lourmentée aussi par l'inquiétude et Je repentir. Tous ces faits montrent qu'elle est mortelle (4).
Comme un ordre invariable détermine à chaque objet le lieu où il doit exister et croître, on doit admettre que l'âme, qui a son siège déterminé dans le corps (selon Epicure, ce siège se trouve dans Ja poitrine), ne peut subsisler él naître sans lui. D'ailleurs il est contradictoire d'imaginer qu'une substance immortelle est unie à une substance mortelle, et qu'il existe entre elles un accord réciproque (5).
Si l’âme immortelle existait séparée du COrPS, argumente
(1) CF Jbid. IT, 592-614 ; Sext. Adv. malh. IX, 72.
1e) CE bid. II, 425-444. Dans Ibid. IN, 506-509, cet argument est modilié en {ant qu'on affirme que l'âme,qui pâlit dans le corps éncorene peut se rewnir dans l'air. , ]
(5). CE Jbid TT, 445-458 ; Phil. De morte col, 9!
(4) Cf, Ibid. II, 459-523 : 822-899! (5) CF Jbid. III, 615-625 : 184-805 : V, 198-145.