L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
Hi —
idées qui comptent pour peu de chose devant les intérêts et les passions des hommes et des peuples... Ma solution, la voici :
Constituer une Albanie indépendante dans les limites où se parle la De albanaise et en faire un royaume que l’on donnerait à Pierre Karageorgevitch. Celui-ci serait en, même temps roi de Serbie et d’Albanie comme François-Joseph est en même temps empereur d'Autriche et roi de Hongrie. Chacun de ces deux royaumes aurait sa Constitution, son Parlement et sa langue officielle; ce serait du travail pour le Souverain, mais on n’occupe pas la charge de souverain pour ne rien faire. Les deux royaumes formeraient une union militaire et douanière avec ports communs sur l’Adriatique; le Monténégro pourrait entrer dans cette alliance par voie d’alliance. C’est une idée que la presse serbe devrait défendre et propager, au lieu de prêcher l'annexion des pays albanais, ce qui serait une injustice et une violation du droit des nationalités. Cette organisation dualiste n’aurait rien d’extraordinaire, surtout si près de l’Autriche-Hongrie. Car, s’il y a une Austro-Hongrie, pourquoi n’y aurait-il pas une Serbo-Albanie ? »
Le démembrement de l'Autriche et le retour à la Serbie de la Bosnie-Herzégovine sont deux faits nouveaux qui modifient évidemment la solution de M. Geidoz; elle est néanmoins à retenir. Malheureusement, la question n’est plus entière depuis que l’Italie a débarqué des troupes à Valona et qu’elle émet la prétention de s’y installer définitivement.
On dit même qu’elle ne se contenterait pas de la possession de la baïe et qu'elle ambitionnerait un développement de 100 kilomètres de côtes — de la pointe de Samana à la baie de Gramata — avec un hinterland de 4.000 kilomètres carrés allant jusqu’à Bérat. L’excès même de ces prétentions fait leur faiblesse. Personne n’ignore que non seulement les chrétiens de l’Albanie du Sud, mais encore les musulmans eux-mêmes ne veulent pas plus être Italiens qu’ils ne veulent être Turcs. La sympathie de ces populations va nettement à la Grèce, à laquelle elles demandent unanimement à être rattachées. Il y a là un irrédentisme hellénique absolu et farouche auquel il faudra, de toute nécessité, donner satisfaction. Car, si la Grèce a paru renoncer à la baie de Valona en renonçant officiellement, en faveur de l’Albanie, à l’ilot de Sasseno (25 mai 1914), elle n’a jamais renoncé à l’Épire et notamment à Bérat où sa langue est parlée par la presque unanimité de la population.
D’un autre côté, la Serbie et le Monténégro sont entrés en Albanie (juin 1915) pour mettre un terme aux menées inspirées contre eux par l’Autriche-Hongrie. Le Monténégro a occupé Scutari, ainsi que tout le district contenant cette ville jusqu'au Drin Blanc, tandis que la Serbie, reprenant le chemin qu’elle avait déjà fait en 1913, a occupé Tirano, El Basan et enfin Durazzo. Rappelons seulement, à titre d'indication, qu'avant la guerre balkanique de 1912, la Serbie et la Grèce s’étaient mises d'accord pour adopter comme frontière commune, en Albanie, le cours de la rivière Chkoumbi.
L’acte de l'Italie à rappelé les droits des Slaves et des Hellènes. La question du partage de PAlbanie sera donc, de nouveau, portée devant les grandes puissances ; espérons que, cette fois, elles sauront respecter les droits des nationalités et consacrer leur indépendance politique et économique. Ce serait s’illusionner singulièrement, en effet, et retomber dans les lourdes et néfastes erreurs de la Conférence de Do que de refuser d'écouter les voix des petites nationalités sacrifiées, jusqu'ici, à l’égoïsme mal compris d’un soi-disant équilibre