L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
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Gorizia : Plezzo, Tolmino, Comen jusqu’à Nabresina, sur le bord de PAdriatique. Or, j'ai prouvé (p.75) que dans toute cette région, le-slovène est parlé par plus de 90 % de la population. J’ai sous les yeux une carte ethnique et linguistique publiée, il y à quelques mois seulement, par le célèbre Institut géographique de Agostini, qui confirme, d’une manière absolue, que cette région est DSDIEE uniquement par des Slovènes (1).
Par l’article 3, de la note du 8 avril le Gouvernement italien a trouvé une heureuse formule qu’on ne saurait trop recommander (V. page 105).
Assurément, la langue italienne est en majorité à Trieste. Mais l’étude des dénombrements successifs de la population indique que cette majorité va cons‘tamment en diminuant, puisque de 77 % en 1900, elle est tombée à 62 % en 1910. La langue italienne n’est maîtresse qu’à Trieste même, où elle est représentée par 120.000 habitants; elle ne dépasse pas la limite des quartiers de la ville. La langue de l’hinterland est le slovène, langue slave, parlée par 1.200.000 bouches.
Il est incontestable que, pour l'extension du port, pour le développement même de l'influence italienne et la prospérité de sa colonie, mieux vaut en faire une ville libre, comme Hambourg. Elle est appelée à devenir son émule, à devenir l'intermédiaire et l’entrepôt naturel de l’Europe centrale, si.., si les luttes de race ne viennent pas la déchirer et paralyser son essor.
Mais l’article 4 soulève bien des objections. En effet, M. Sonnino demandait également : les îles Curzolari : Lissa, Cazza, Lagosta, Lesina, Curzola, Meleda et Pelagosa. La possession des îles, qui appartiennent, sans contestation possible, à la langue croate, — parlée par 96% des habitants (Voir p.91) — aurait pour conséquence de placer deux lignes de sentinelles à la porte des Dalmates, — de Spljet (Spalato) à Doubrovnik (Raguse) — et de leur interdire de sortir de chez eux sans l’autorisation de l'Italie. En effet, si on jette un coup d’œil sur une carte de la côte dalmate, que voit-on? Une première ligne de sentinelles très rapprochécs de la côte, constituée par les îles Lesina, Curzola et Meleda, qui bloquent ‘omplètement les bouches de la Norenta et la precqu’ile de Sabioncello (Peljechats, en croate). Curzola (Horçula en croate), par exemple, n’est séparée de Peljechats que par un étroit canal de 2 kilomètres; Meleda (Mljet en croate) menacerait Doubrovnik au sud; Lesina (Hvar en eroate) menacerait directement l’île de Brazza (Bratch en croate) au nord, et par suite Spljet par la fermeture des Ctroïtes Porte di Spalato situées entre Solta à l’cuest ct Bratch à l’est. La deuxième ligne de sentinelles est constituée, plus au large, par Lissa (Vis en croate), Cazza, Lagosta et enfin, plus au large encore, Pelagosa îlot situé presque à mi-chemin de la rive italienne (52 kilomètres) et de l’île de Lagosta (59 kilomètres), achève de barrer complètemint la route de l’Adriatique. Cette série de factionnaires échelonnés en long et en large de Valona à Trieste, qui seraient un jour armés jusqu'aux dents, ne peuvent que paraître absolument intolérables aux Serbo-Croates.
L'Italie, dit-on, a besoin de l’Adriatique pour respirer; les Slovènes et les Serbo-Croates en ont également besoin. Et, le meilleur moyen pour que
(1) La regione Veneta e le Alpi nostre, dalle fonti dell’ Adige al Quarnaro. Carta EtnicoLinguistica 1/500.000€, Istituto geografico de Agostini, Novara y Roma, 1915.