L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
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de la création d’une ligue pro Dalmazia italiana (9 mai 1915), ont énervé l’opinion publique serbe.
Ces inquiétudes se sont manifestées, d’une part, par l’envoi de nombreuses délégations de notabilités des principaux centres serbes, croates, dalmates et slovènes qui, à différentes reprises, ont porté à Pétrograd, Paris et Londres les doléances de l'opinion publique de leurs régions respectives. Ces délégations ont déclaré, à l’unanimité, qu’elles se refusaient énergiquement à supporter la mainmise par l’Italie sur des territoires foncièrement slaves.
Ces inquiétudes se sont traduites, d’autre part, par une interpellation à la Skoupchtina, de Nich, à la fin d'avril 1915, à laquelle M. Pachitch a répondu aussi clairement que la situation le comportait. Il a déclaré, tout d’abord, qu’il ne croyait pas que l'Italie voulût abandonner le principe du respect des nationalités auquel elle doit son unité et qu’il avait confiance qu’elle s’efforcerait de régler la défense de ses intérêts dans l’Adriatique, de façon qu’il n’en résultât aucun conflit entre les intérêts serbes, croates et slovènes et les intérêts italiens. Pour toutes ces raisons, M. Pachitch a dit qu’il était persuadé que les hommes d’État italiens ne visaient pas à obtenir telle ou telle ville, telle ou telle île de plus ou de moins, car ils savaient d’avance que la force de l'Italie dans l’Adriatique résidera principalement dans les relations amicales du peuple serbo-croate-slovène avec le peuple italien. Cette concorde assurera une longue paix non seulement entre les deux États, mais encore à toute l’Europe et consolidera les résultats que cette grande guerre a pour but d’obtenir.
On ne saurait trop applaudir aux nobles paroles et aux généreuses conceptions du président du Conseil de la monarchie serbe.
Peut-être, après tout, ne faut-il pas s’alarmer, outre mesure, de la note remise par M. Sonnino, le 8 avril, au baron Burian? Depuis cette époque, la situation a changé, du tout au tout. L'Italie, en effet, avait essayé de traïter avec l’Autriche dans l'hypothèse où celle-ci ne subissait aucun dommage, que sa puissance territoriale et nulitaire était intacte, qu’elle restait, en un mot, maîtresse absolue de la situation, notamment dans l’Adriatique. Dans ces conditions, l’Italie cherchait, dans des tractations amiables, à contrebalancer l’hégémonie autrichienne par des prises de possession devant lui permettre d’avoir, vis-à-vis d’elle, une situation tolérable; et l'Autriche s’arrogeait le droit d’accorder ou de refuser, à son gré. Mais, il ne s’agit plus de cela.
L'Italie, en dénonçant, le 4 mai 1915, son traité d’alliance avec l’AutricheHongrie, a passé dans le camp des Alliés. Elle poursuit maintenant, comme nous et avec nous, le démembrement de l’Autriche-Hongrie et notamment sa disparition complète de l’Adriatique. Ni Trieste, n1 Fiume, ni Pola, ni Cattaro, ni aucune base maritime quelconque ne doit plus appartenir aux AustroHongrois; leur flotte de guerre devra complètement disparaître. L’hégémonie autrichienne étant détruite, l'Italie n’aura donc rien à redouter d’elle. Par conséquent, elle n’a pas besoin de se créer des bases navales et de prendre des sécurités au détriment des Yougo-Slaves qui, étant nos alliés, et nos amis, sont devenus ceux de l’Italie elle-même.
L'Italie, en entreprenant cette grande guerre de libération et d'intégration, sait bien qu’elle ne trouvera plus l’Autriche devant elle, pour lui barrer la route. Mais elle trouvera, à ses côtés, les Yougo-Slaves libres comme elle; comme elle,