L'Autriche et la Hongrie de demain les différentes nationalités d'après les langues parlées : avec de nombreux tableaux statistiqes et 6 cartes ethniqes
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slaves (1) ». Il me semble qu'il n’en serait plus de même si elle pouvait atteindre directement l’Adriatique et aborder plus facilement et plus rapidement l’Europe occidentale, par des voies ferrées où pourraient s’établir des tariis avantageux. Enfin, je ne crois pas me faire illusion en disant que la mise à exécution de ce projet aurait une répercussion sur l'orientation générale du commerce de l’Europe centrale. Le Danube a été, de tous temps, la grande artère commerciale de l’ouest vers l’est; à un commerce latéral, on substituerait un commerce dans le sens longitudinal, du nord au sud.
Qu'on réfléchisse à l’importance que l’Autriche et l'Allemagne accordaient à la route de Salonique pour faire arriver les produits allemands jusqu’à la mer Égée. On comprendra mieux encore la portée que pourrait avoir ce couloir traversé par un chemin de fer qui n’aurait pas à compter avec la douane autrichienne ou hongroise et qui ne risquerait pas d’être fermé à l’exportation ni au transit d’aucune marchandise slave.
Donc, tant au point de vue politique qu’au point de vue économique, la création de ce couloir, de cette marche slave dont je n’ai fait qu'esquisser à grands traits la constitution, me paraît d’une utilité primordiale.
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Telles sont les libérations qui s’effectueront, sans difficulté, lorsque les alliés auront fait tomber les armes des mains de la coalition germano-magyare.
J’ai parlé, en toute franchise et en toute tranquillité d'esprit, du démembrement certain de l’Autriche-Hongrie, bien qu’il m'en coûtât, tout d’abord, de procéder à sa dissection et de séparer, un à un, tous les corps étrangers dont se composait Cette personnalité politique. Maïs, à la réflexion, j’ai pensé qu’il n’y avait pas lieu de me montrer plus réservé vis-à-vis de l’Autriche-Hongrie que l’Allemagne ne l’avait été vis-à-vis de son alliée.
On sait que lors de la dernière rencontre du Kaiser et de l’héritier d’Autriche en son château de Konopischt (12 juin 1914) (2), les dernières dispositions furent prises pour assurer la marche triomphale du bloc austro-germanique sur tous les fronts. Guillaume donna, à son allié, son consentement pour l’attaque de la Serbie et pour s’ouvrir, par la force, la route de Salonique. Maïs, il demanda des compensations et en obtint une toute spéciale pour Trieste. Une indiscrétion de l’officieuse Tægliche Rundschau nous a fait savoir que « à Konopischt, la question de Trieste avait trouvé une heureuse solution ».
François-Joseph et l’archiduc héritier avaient donc été suggestionnés par leur terrible allié; ils avaient été obligés de consentir à « l’heureuse solution trouvée à Konopischt » par Guillaume-Gargantua. De sorte que le triomphe _ des armées austro-allemandes, s’il avait valu à l'Autriche la possession de Salonique, lui aurait certainement coûté la perte de Trieste. L'Allemagne aurait satisfait son rêve de domination d’Hambourg à Trieste par Munich, pour, de là, atteindre l'Orient. Notre fabuliste Lafontaine avait prévu que tout cela finirait mal : Adieu, veaux, vaches, cochons, couvées!
(1) Nouvelles déclarations de M. Sazonow au Messagero de Rome (Le Temps, 31 mai 1915). (2) 11 fut assasiné, à Sarajevo, le 28 juin 1944.