L' École de Mars (1794) : avec une gravure en couleurs

APRÈS LE Q THERMIDOR 107

se plaignaient du pain noir, grossier, malsain, et le 2 août Peyssard assurait, en effet, qu’ils avaient du pain moisi et immangeable. Ils se plaignaient du lard salé que l’armée n’avait pas voulu et qui venait, paraît-il, d’un convoi prussien, et Peyssard s’indignait, en effet, de la mauvaise qualité du porc. Ils se dégoûtaient de l’eau vinaigrée et de l’eau de réglisse, tisane économique toujours exposée au soleil et d’autant plus nauséabonde. Il leur semblait dur de coucher sur la paille, d’avoir le sable pour bois de lit et de dormir sous une toile peu solide qui ne les abritait nullement contre l’averse. La bise commençait à souffler et ils grelottaient dans leurs tentes. Ils n’avaient eu que très tard certaines parties de leur habillement, comme les bas et les chaussettes, et le 3 septembre Chanez s’affligeait de voir des sentinelles « qui étaient nujambes et avaient très froid»!

Si tous les instructeurs avaient eu du moins envers les élèves la bonté paternelle de Chanez! Quelques-uns avaient assez d’esprit pour ne pas rebuter par des façons brusques et sévères des jeunes gens qui touchaïent encore à l'enfance et qui se rappelaient avec mélancolie les douceurs